Ma pensée va d’abord vers les malades et les familles encore frappées par le deuil, en raison de l’épidémie de Covid-19, comme vers les personnels soignants qui continuent de se mobiliser contre cette maladie, sans délaisser pour autant les autres pathologies. Je n’oublie pas non plus les « victimes collatérales » de cette crise, qui pourraient bien être plus nombreuses encore : les commerçants, les restaurateurs, le monde de la culture, les étudiants épuisés moralement par des mois d’enseignement à distance et d’isolement, les situations de précarité en augmentation, le nombre croissant de citoyens gagnés par le stress et la dépression, les situations inquiétantes de mort sociale. Nous les porterons particulièrement dans notre prière, en ce Vendredi saint, en commémorant la Passion et la Mort du Christ sur la Croix, où s’est réalisée cette belle intuition de Paul Claudel : « Dieu n’est pas venu dans le monde pour supprimer la souffrance, pas même pour l’expliquer, mais pour la remplir de sa présence ». Il le fera mystérieusement en tous ceux qui regarderont vers le crucifié avec foi, et par la compassion de ceux qui les rejoindront dans leur souffrance.
Nous n’oublierons pas les victimes des abus sexuels dans l’Église, pour lesquels les évêques de France viennent d’adopter des résolutions qui contribueront à faire de notre Eglise une « Maison sûre ». Les victimes, dont les vies ont été profondément détruites, doivent être assurées que nous prendrons toutes nos responsabilités pour prévenir et combattre de tels abus. En particulier à travers le recours à la justice civile et canonique pour les coupables et par toutes mesures à même d’aider les victimes à se relever humainement et spirituellement. Nous les confierons au Christ mort et ressuscité, sûrs que par sa mort, il a détruit la mort, et par sa résurrection, il a renouvelé la vie ! À travers le jeûne, nous nous unirons aussi au sacrifice que le Seigneur a offert sur la croix, en expiation pour les pécheurs, lui l’Innocent qui a été livré pour les coupables !
La fête de Pâques est un message d’espérance pour tous. En traversant la mort et en ressuscitant le troisième jour, Jésus a ouvert une brèche dans l’univers clos sur lui-même et fermé à la transcendance qui réduit si cruellement le sens de l’existence et l’avenir de nos contemporains. Que Jésus ressuscité, en qui la vie a triomphé de la mort, nous obtienne force et consolation dans les épreuves, et nous remplisse de sa grâce et de sa paix pour aborder sereinement les mois à venir !
Saintes et joyeuses fêtes de Pâques !
+ Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, le 1er avril 2021