Discours du Saint Père lors de sa visite aux réfugiés
En Grèce, dimanche dernier 5 décembre, le Pape a prononcé un discours dont voici quelques courts extraits :
" Je suis là pour voir vos visages, pour vous regarder dans les yeux. Des yeux remplis de peur et d'attente, des yeux qui ont vu la violence et la pauvreté, des yeux embués par trop de larmes. Il y a cinq ans, sur cette île, le Patriarche œcuménique, mon cher frère Bartholomée, a dit une chose qui m'a frappé : "Celui qui a peur de vous, ne vous a pas regardés dans les yeux. Il oublie que la dignité et la liberté dépassent la peur et la division. Il oublie que la question migratoire n'est pas un problème du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, de l'Europe et de la Grèce. Elle est un problème mondial."
« Oui, c'est un problème mondial, une crise humanitaire qui nous concerne tous. La pandémie nous a touchés de manière globale, elle nous a fait réaliser que nous sommes tous dans la même barque, elle nous a fait éprouver ce que signifie avoir les mêmes peurs. Nous avons compris que les grandes questions doivent être abordées ensemble, car dans le monde d'aujourd'hui, les solutions partielles sont inadaptées. »
Le Pape poursuit en ces termes : ..."Regardons le visage des enfants. Ayons le courage d'éprouver de la honte devant eux, qui sont innocents et représentent l'avenir. Ils interpellent nos consciences et nous interrogent : "Quel monde voulez-vous nous donner ?" Ne fuyons pas trop vite les images crues de leurs petits corps gisant sur les plages. La Méditerranée, qui a uni pendant des millénaires des peuples différents, est entrain de devenir un cimetière froid sans pierres tombales. Ce grand plan d'eau, berceau de tant de civilisations, est désormais comme un miroir de la mort. Ne permettons pas que la "mare nostrum" se transforme en une désolante "mare mortuum", que ce lieu de rencontre ne devienne pas le théâtre de conflits ! Ne laissons pas cette "mer des souvenirs" devenir la "mer de l'oubli". Frères et sœurs, je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation !"
A l'approche de la célébration de la fête de la Nativité du Sauveur du monde, il nous est impossible de rester indifférents à ces paroles fortes du Pape, à cet appel angoissé qu'il lance aux hommes et aux femmes de bonne volonté, en particulier, aux dirigeants de notre monde.
Joachim JAUREGUI